• Moment sympa, CHRONIQUES

Agnès Desarthe – Mangez moi

  • Editions : France Loisirs / Piment
  • Prix : non indiqué
  • Pages : 273
  • Date de parution : 2007

Ouvrir un restaurant ? Quelle idée… C’est pourtant celle qui vient à l’esprit de Myriam et qu’elle s’empresse de mettre à exécution. Les ennuis commencent car ce restaurant est aussi sa maison. Eviter la faillite, vivre en clandestine et garder le secret sur un itinéraire trop chaotique constituent l’exercice de jonglage auquel elle se livre chaque jour. Un chemin semé d’embûches mais qui ne manque pas de saveur…

Myriam est une femme, elle a 43 ans, vit seule et a l’esprit tourmenté. A la base elle a un mari et un fils, Hugo, mais après avoir transgressé les codes elle se retrouve seule et erre durant 6 ans dans un cirque. Viendra ensuite sa rennaissance et la création de son restaurant « Chez moi ». Elle est sauvage et non fiable, c’est elle qui le dit. Personnellement je n’aime pas du tout ce personnage. Déjà à cause de la trahison faite mais également car je la trouve trop psychologiquement troublée. Ca n’en fait pas un personnage attachant. C’est à la limite de la schizophrénie. Elle a une vie, une personnalité différentes entre avant et après « Chez moi » et c’est vraiment bizarre, à la limite du glauque.

Je sors de mon évier, je m’essuie soigneusement et m’enduis d’une huile que je n’utilise pas pour cuisiner, parce que certaines limites subsistent encore, malgré tout, pour moi

Le titre ainsi que le contexte, dans un restaurant, me plaisent beaucoup car je travaille dans ce milieu. Néanmoins je m’attendais à ce que ça traite davantage d’anecdotes en cuisine et que ce soit plus drôle. A partir de la page 122, je trouve l’histoire plus attendrissante avec Ben, Vincent, Barbara, Ali et tous les clients habitués. Cela amène une tournure plus émouvante à la création de son « Chez moi ». L’établissement n’est ni un restaurant, ni un bar mais un peu de tout pour tous et c’est cet esprit qui est plaisant. Bien sûr, tout n’est pas parfait dès la page 122 puisque je n’ai pas apprécié les flash-backs et donc la deuxième personnalité de Myriam (ceci n’est que mon avis).

Egalement, et je pense que c’est pour renforcer son esprit troublé, il y a beaucoup trop de figures de style comme des images. Cela nous donne l’impression qu’elle se perd, qu’elle est folle, qu’elle divague. Cela pourrait être intéressant quelques fois mais à force c’est vraiment pesant et ça amène une mauvaise compréhension de l’histoire ainsi qu’un ennui profond (le nombre de fois où je suis sortie de mes rêveries en me disant « merde t’es plus en train de lire là! »)

De plus j’ai vraiment eu l’impression que l’auteure a traité de nombreux sujets dans l’histoire mais qu’aucun n’est vraiment arrivé au bout. Par exemples le dénouement du conflit entre Hugo et Myriam, ses parents, ses amis, le restaurant, Ali, etc… Je suis restée sur ma faim pour le peu qui m’a intéressée.

« Mangez-moi » n’est pas seulement l’histoire d’une création d’un restaurant. C’est aussi celle d’une femme blessée qui essaye de se retrouver, de se pardonner, de remonter la pente et de trouver une raison d’espérer, de croire en la vie. Celle d’une femme qui a fait et doit faire des choix. Une femme pleine de douleurs. Celle d’une vie.